Damaris Leinhart
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Date d'inscription : 02/10/2009
A g e : Dix-sept ans
 |  Sujet: Re: Damaris « Un excellent antidote contre la morosité ambiante »  Ven 2 Oct - 18:08 | |
| ce que nous voulons savoir ;
Cachés derrière des lunettes rectangulaires, les yeux du directeur me dévisagent sans aucune retenue. Cela a la fâcheuse tendance de m’agacer. Il esquisse un sourire et prend enfin la parole.
Il ne termine pas sa phrase. Ah, oui, bien sûr, avec tous les élèves qu‘il voit, il a oublié mon nom. Avec un sourire poli, je réponds doucement :
« Damaris Leinhart, Monsieur. »
Il hoche la tête, comme s’il s’en rappelait, désormais, et me sourit de manière complice.
« Vous avez donc 17 ans, désormais, et vous rentrez en 3ème année. Dites-moi, pourquoi pensez-vous que vous avez votre place à Bichedor ? »
Je fronce les sourcils, un peu surpris par la question. Je ne m’étais jamais trop demandé cela, respectant la décision du Psychoice. Après une courte réflexion, je me lance :
« Avez-vous songé, ne serait-ce qu’un seul instant que je puisse intégrer une autre maison que celle-ci ? Belle et espiègle, dit la comptine de Bichedor, je vous laisse donc imaginer à quel point cette maison me correspond. Votre regard envoûté parle de lui-même, je ne laisse personne indifférent : certains m’admirent, d’autres me jalousent. Une chose est sûre : je fascine les beaux bruns ténébreux dans votre genre .. Je plaisante. Ma vie est une sorte d’Attrape moi si tu peux, avec des ombres et des mystères qui planent autour de moi.
Enfin .. Je me souviens d’une célèbre citation ;« Si le nez de Cléopâtre eût été plus grand, la face du monde aurait changé. » Et si le monde ne tenait qu’à un battement de cils, une chevelure d’ange d’une Bichedor ? »
Il sourit à nouveau, et je me demande ce que cela peut signifier. Il ne me laisse pas le temps de réfléchir plus longtemps, puisqu’il enchaîne immédiatement :
« Si vous deviez m’en dire un peu plus sur vous… par quoi commenceriez-vous ? Je ne sais pas, moi, quel genre d’élève êtes-vous, quel ami ou quel ennemi êtes-vous ? »
Je le regarde, intrigué, me demandant pourquoi a-t-il besoin d’en savoir autant. Mais je finis par abdiquer, et je me lance, poliment :
« Que voulez-vous savoir de plus ? Mon numéro de téléphone, le nom de jeune fille de ma mère, le mot de passe de mon compte bancaire ? Trêve de plaisanteries. Pour ce qui est de mon caractère, je le qualifierais de surprenant, je suis un mélange de contradictions. J’aime jouer, dépasser les limites dans le but de ressentir les choses, tout en sachant, paradoxalement, être quelqu’un de réfléchi. Adepte de nouvelles sensations, je cherche constamment ce qui sort de l'ordinaire, et qui offre à ma vie cette touche pimentée, sexe drogue and rock’n roll comme dirait l’autre. En ce qui concerne mes relations amicales, je suis une personne sur qui l’on peut compter car j’offre toute ma confiance aux gens qui selon moi, en valent la peine. Mes amis savent que je suis taquine, joueuse, toujours prête pour de folles aventures et savent qu’il vaut mieux ne pas être dans ma ligne de mire. - Ne craignez rien, Monsieur, vous m’avez tout l’air d’un gentil bonhomme. - Ce que je veux dire par là, c’est que mes ennemis me connaissent directe, intelligente et terriblement maligne, en jouant de mes atouts pour arriver à mes fins. Déjouer mes pièges, démêler le vrai du faux, telle sera leur quête. Je suis une passionnée, qui refuse l’autorité, une belle effrontée mais adorable, au fond. »
Je pense en avoir dit assez, ce vieux n’a pas besoin d’en savoir plus sur moi, aussi je décide de me taire, en observant ses réactions. Il se contente d’hocher calmement la tête, un sourire énigmatique aux lèvres, griffonne quelque chose sur une feuille et relève ses yeux vers moi.
« Étiez-vous heureuse avant de venir ici, à Aspera ? »
Surpris, je ne sais pas trop quoi répondre, sur le coup. Je regarde ailleurs et je réfléchis, me posant sincèrement la question. Est-ce que j’étais heureux, avant…?
« Je vais vous conter mon histoire .. C’était un soir d’été, le soleil était doux, et donnait à la scène un caractère particulièrement serein et romantique. Le couloir de l'hôpital, privé de toute effervescence, plongeait le monde dans un calme olympien. C’est dans les heures qui suivirent que je pointai le bout de mon nez et découvrais le vaste espace dans que nous appelons Monde.
J’eus la chance, ou pas, d’être le fruit d’une union dont l’amour dépassait presque le nombre de zéros qu’affichait les salaires mensuels de ses parents. En clair Monsieur, je suis issue de cette jeunesse dorée, vous savez, celle du luxe et de la débauche. Tout aurait dû contribuer à mon bonheur ; j’avais tout ce dont j’avais envie, et ce, en un claquement de doigt. Pourtant, écoeurée par la dorure du luxe, mis en retrait par ma grande sœur qui faisait toujours tout bien … –le stéréotype de la fille de bonne famille, bien élevée, qui joue du piano à merveille, a fait des années de danse classique, qui excelle à l’école etc .. Vous voyez le genre ?- … j’ai dérivé dans les méandres de mon esprit, m’adonnant à des plaisirs et jeux interdits. Alors pour répondre à votre question, oui j’ai été heureuse, comblée pendant mon enfance, car quelle petite fille ne rêve pas d’avoir un beau cheval blanc ou une robe de princesse d’un simple sourire ? A l’adolescence, cela s’est un peu compliqué, j’étais heureuse de ne pas me laisser être malheureuse, et … Enfin, je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça, ça ne vous regarde pas. Et puis votre regard vide m’agace. »
Une fois de plus, il hoche calmement la tête et j’en viens à me demander s’il m’a réellement écouté. Il écrit sur sa feuille et me regarde à nouveau.
« Et maintenant ? Je veux dire, à Aspera, comment vous sentez-vous ? Vous est-il arrivé de mauvaises choses, ici, ou au contraire, des choses exceptionnelles ? »
« Cela fait plus de deux ans que je suis à Aspera. En arrivant, j’avais une certaine appréhension, mêlée à une euphorie, qui ne m’a pas lâché depuis. Je suis allée de surprises en surprises, travaillant avec passion dans l’espoir de devenir une excellente magicienne, apprenant sur les autres et sur moi-même. Je ne me suis pas forgé un caractère à Aspera, toutefois, ce château a été comme une renaissance, une bouffée d’air frais, à l’aube de mes quinze ans. Que les autres me comprennent, me suivent ou me critiquent, en tout cas, ils parlent de moi. Et ça me plaît, croyez-moi.
Je me rappelle d’un jour où j’étais très en retard pour le cours de potions. D’un regard vif par la fenêtre, je compris que le temps n’était vraiment pas favorable, il pleuvait des cordes. Deux choix s’offraient à moi ; arriver au plus vite les cheveux ébouriffés, habillée le plus simplement du monde ou prendre tout mon temps et simuler un duel imprévu avec une des créatures du Parc. Bien sûr, j’optai pour le second choix, le premier m’étant tout à fait inconcevable. Une heure et demi après cette décision, j’arrivai en cours. Je fus incroyablement déçue de constater que le nouveau professeur, qui s’apprêtait à quitter la salle, était sacrément beau et que ce cours aurait sans doute était le plus intéressant de toute ma vie.
Oh si vous l’aviez vu, vous n’arqueriez pas votre sourcil à ce point. Que dites-vous ? Une mauvaise chose qui m’est arrivée ici ? Elle pourrait aussi être qualifiée de chose exceptionnelle mais je ne m’étalerai pas sur le sujet, vous n’en saurez pas plus Monsieur .. »
« Et sinon, vous avez un petit ami ? Ou une petite amie, je ne sais pas, moi. » me demande-t-il avec un sourire taquin.
« Ecoutez, je peux admettre que votre statut de directeur vous permette bien des faveurs, mais je pense que cela tient de ma vie privée. Mais bon, comme je suis gentille et adorable, je vais vous répondre. Non, je n’ai pas petit ami. Et encore moins de petite amie. Au risque de vous décevoir, je suis plutôt hétérosexuelle .. mais bon qui sait ? Lors d'une soirée arrosée, sous l’emprise d’un sort ou quelque autre cause à effet peut rapidement dérapé et me faire tombée de l’autre côté de la barrière. Une chose est sûre ; ce serait éphémère, la virilité et le machisme de ces Messieurs me manquerait terriblement. En conclusion, nous pourrions dire que je suis quelqu’un d’ouvert. Inutile de vous demander si vous êtes intéressé. »
Son sourire s’agrandit à ma réponse, et il reprend plus calmement, en me fixant droit dans les yeux :
« Diriez-vous que vous êtes fou ? »
« Diriez-vous que je le suis ? Si vous voulez parler du nom fou au sens propre, alors non je ne suis pas atteinte de troubles mentaux. Toutefois, si vous mentionnez ce mot en tant qu’adjectif, ouvrez un dictionnaire et rendez-vous compte que oui, je suis démente, j’ai un comportement parfois extravagant, absurde, inconscient. Gilbert Keith Chersterton disait « Le fou est celui qui perd son chemin sans pouvoir le retrouver », il ne me reste plus qu’une chose à faire, si ce n’est pas trop tard ; ne pas m’égarer. »
« Pensez-vous avoir plusieurs personnalités ? »
« Comme tout le monde, j’imagine. Chacun a un jardin secret, et doit le cultiver, parfois dans la plus grande intimité. Je fais partie de ceux qui militent régulièrement pour une légère dose de solitude et de calme. J’ai besoin, de temps à autre, de me retrouver avec moi-même, de faire le point et de me couper de toute perturbation extérieure, que ce soit le brouhaha incessant qui plane autour de nous ou l’angoisse de son camarade face à un choix existentiel, et ainsi entrer dans une totale ataraxie. Oui, j’ai plusieurs personnalités, certaines visibles, d’autres mystérieuses. Un côté ange, un côté démon, comme chacun d’entre nous, même le plus grand des sages, même vous. Cela me paraît si évident. »
« Vous préférez la Magie Noire ou la Magie Blanche ? »
« Uh .. Faut-il réellement choisir ? Parce qu’il m’est nécessaire de vous informer que je n’en ai pas la moindre idée. Honnêtement, je n’y ai jamais vraiment songé. J’utilise la magie comme bon me semble. (…) *petite pose pensive*
Toutefois, en y réfléchissant bien, je ne me suis servie qu’une fois de la Magie Noire. C’était d’ailleurs .. laborieux. Jil semblerait donc que je me sois résignée à la Magie Blanche, à votre grand soulagement j’imagine. Sans doute y étais-je destinée. Mais vous savez, pendant quelques temps, je me suis perdue dans les sombres voies que tentent de nous cacher nos parents, à savoir tout ce qui s’approche, de près ou de loin, du Mal avec un grand M, alors il aurait été probable que mon choix se tourne vers la Magie Noire. C’est une chance inouïe. »
« De quoi avez-vous peur ? »
« Vous me posez de ces questions … dont j’hésite à vous donner la réponse. En effet, vous donner la réponse reviendrait à vous avouer quelque chose d’intime, de personnel, qui pourrait d’ailleurs, un jour ou l’autre, me porter préjudice. Imaginez qu’un important évènement chamboule nos vies, que nombres de créatures ou de mauvais esprits, que sais-je, s’emparent de vous. Dans ce cas, si en cette belle journée, je vous avoue ce qui m’effraie, cette information pourrait quitter le domaine privé pour entrer dans celui du public, enfin … Vous avez compris, Monsieur. *sourire presque charmeur, pour éviter toute insistance* »
« Dragibus ou Fraises Tagada ? »
« Auriez-vous décelé en moi cette gourmandise qui me suit depuis tant d’années ? Je vous en félicite, bien que ce soit flagrant. Si vous m’aviez demandé « chocolat ou bonbons ? », cela aurait été si facile, si évident. Je vis au rythme du chocolat, pour ainsi dire. Un chocolat chaud, du chocolat fondu, une barre de chocolat, des chocogrenouilles, .. J’adore le chocolat. Non, je ne suis pas folle, juste affreusement gourmande. En ce qui concerne les bonbons, j’ai gardé mon âme d’enfant, et mes yeux pétillent toujours autant face à ces excellentes cochonneries, bourrées de sucres. Alors lorsque j’entends des questions comme celles-ci, je ne peux me résoudre à y répondre … Comprenez-moi ! Les dragibus sont amusants, dans le sens où nous pouvons jouer avec leur couleur, leur petite forme de bille. Quant aux fraises Tagada, elles sont plus simples, mais n’enlève rien à leur saveur. Oh mais j’y pense ! *fouille dans son sac et sort un paquet de caramels*
Oui … Je raffole aussi des caramels. Vous en voulez ?! »
« Heu .. Avec plaisir ! Mais, ça reste entre nous, okay ?
Bien, je vous remercie jeune fille. Vous pouvez retourner en cours, bonne journée. »
« Pas de souci, mystère et boule de gomme, comme dit l'autre.
Merci, au revoir Monsieur. »
Dernière édition par Damaris Leinhart. le Mar 6 Oct - 19:14, édité 13 fois |
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