ce que nous voulons savoir ;

Cachés derrière des lunettes rectangulaires, les yeux du directeur me dévisagent sans aucune retenue. Cela a la fâcheuse tendance de me mettre mal à l’aise. Je déteste quand quelqu’un me dévisage comme ça… Ces mêmes traits me rappellent étrangement ceux de ma parente… Ah… Chère mère. Dévisager, montrer un air de dégoût, juger… C’était tout ce dont cette femme savait faire. Le fixant droit dans les yeux, je me souviens étrangement de ce visage dont les plis commencent à paraître. Quel dommage… Mais après tout, les sorcières ne sont jamais belles, n’est-ce pas ?! Elles montrent leur beauté de l’extérieur, mais on sait tous très bien que cette beauté ne reste pas éternelle. Finalement, je baisse les yeux vers les papiers qu’il tient de ses deux mains joufflues… Et poilues. Je ne dois absolument pas me montrer dégoûtée.. Je dois tout de même faire une bonne première impression devant mon directeur, quand même ! Donc, mon regard se pose une fois de plus dans celui du directeur, lui adressant même mon plus beau sourire. Lui montrer mon malaise ?! Et puis quoi encore ! Non, non… Toutefois, ce silence commence réellement à m’agacer… S’il pouvait au moins dire quelque chose au lieu de me regarder comme ça ! Une autre fille penserait à quelque chose de pas très net. Enfin, il esquisse un sourire et ses lèvres s’entre ouvrent pour libérer :

« Donc, Mlle… »

Il ne termine pas sa phrase, me regardant avec interrogation. Prévisible.. Il ne se souvient pas de mon prénom. Je baisse les yeux vers le paquet de feuilles qu’il tient devant lui et peut clairement lire, de ma position, mes prénoms et mon nom inscrit sur la feuille… Mais encore une fois, il ne faut tout de même pas faire mauvaise impression devant le directeur… Tout ce que je peux faire, c’est de crier sa stupidité à travers mes pensées. Non mais quel im-bé-cile ! Mon dossier se trouve directement sous son gros nez et il ne peut pas baisser les yeux pour le lire ?! À moins qu’il soit illettré… Ce qui m’étonne grandement. Mon regard se pose une fois de plus dans le sien et je lui souris poliment. J'avais envie de l'étriper. De l'étrangler.. De sentir mes ongles s'enfoncer dans sa gorge et l'entendre suffoquer sous mon emprise, tout ça parce qu'il est bien trop fainéant pour baisser ses yeux sur le dossier et de lire mon prénom. Mais rapidement, cette image se voit chassé de mes pensées... Comme un film coupé rapidement. Une de mes jambes vient se croiser sur l’autre alors que mes deux mains viennent se joindre sur mon genou. Et puis, d’une voix douce, et calme, je prononce :

« Elson. Lily Rose Elson. »

Ah ! Voilà qu’il me replace… Enfin, ça en a l’air puisqu’il hauche sa grosse tête de manière positive. Idiot. C’est un sourire désormais complice qu’il me rend alors qu’il me regarde, comme s’il me connaissait depuis longtemps, chose qui me met également mal à l’aise… Mais je camoufle très bien le tout. Le dos bien droit, la tête haute, je l’écoute prononcer ces prochaines paroles :

« Vous avez donc seize ans, désormais, et vous entrez en deuxième année. Dites-moi, pourquoi pensez-vous que vous avez votre place à Loudombre ? »

Eh bien. Je fronce les sourcils, baissant mes prunelles sur le bureau en bois qui appartient au directeur. Il faut avouer que je suis légèrement surprise par cette question. En fait, je ne m’étais jamais réellement demander cela. Après tout, pourquoi est-ce que je le devrais ?! Le Psychoice à fait son choix en me classant dans cette maison, et tout ce que je fais c’est respecter son choix. La lèvre inférieure devient rapidement prisonnière de mes dents blanches alors que je plonge dans l’océan de mes pensées. Pourquoi est-ce que j’ai ma place dans les Loudombre ?! Simple ! Parce que c’est ma nature… C’est quelque chose qui fait partie de moi… Après une courte réflexion, je prend une grande respiration et lève les yeux vers le directeur qui attend ma réponse, on peut dire avec une touche de hâte. Et puis, la tête bien haute, c’est avec assurance que je me lance :

« Pourquoi est-ce que j’ai ma place à Loudombre ?! C’est simple, monsieur. », commençai-je avec mon plus beau des sourires. « Ça fait partie de moi. Je me sens chez moi, à Loudombre. Je me sens attachée à chacun des élèves de cette maison, et cet instinct de protection envers eux ne m’a jamais quitté depuis le premier jour. », ai-je prononcer avant de baisser les yeux vers le bureau du directeur, l’espace d’une fraction de seconde, avant de reposer mon regard sur lui. Et une fois de plus, avec assurance, je ponctue ma réponse avec « Parce que je me sens chez moi avec eux, et l’important c’est de se sentir bien où l’on est, non ? »

Ses yeux continuent à me fixer, comme si j’étais un objet devant ses yeux. Une peinture, peut-être ?! Un sourire vint se tracer une nouvelle fois sur ses lèvres, et je me pose de sérieuses questions. Pourquoi est-ce qu’il me sourit comme ça ?! Est-ce que c’est quelque chose que j’ai dit ?! Impossible que ce soit ma réponse, ma réponse a été claire, nette, et très précise. Et je doute qu’il a eu une réponse comme la mienne ! Mais alors pourquoi ce sourire accroché à ses lèvres ?! Avant de pouvoir mettre le doigt sur la réponse, le voilà encore entrain de parler … Cet homme commence sincèrement à jouer avec mes nerfs…

« Si vous deviez m’en dire un peu plus sur vous… par quoi commenceriez-vous ? Je ne sais pas, moi, quel genre d’élève êtes-vous, quel ami ou quel ennemi êtes-vous ? »

Moi ?! Pourquoi est-ce qu’il veut en savoir plus sur moi ?! Furtivement, je pose mon regard sur le dossier, ainsi que les paquets de feuilles qui sont légèrement éparpillées sur son bureau et je lève les yeux vers lui. Est-ce qu’il demande la même chose à tous ses élèves ?!... Est-ce qu’il passe des élèves à son bureau, autre que moi , plutôt. Étrange… Mais après tout, c’est quand même le directeur de l’établissement scolaire… Je ne vais tout de même pas l’envoyer balader pour des questions qui commencent légèrement à devenir un gros « n’importe quoi ». Alors, en prenant une grande respiration, je passe une mèche blonde, rebelle de nature, derrière mon oreille et je plante mon regard dans celui du directeur. Sur un ton poli, et un sourire poli qui vient avec, je répond :

« Comme je vous l’ai mentionné plus tôt, je suis très protective envers les gens que j’aime bien. C’est dans ma nature… Cependant, si je n’aime pas quelqu’un… » et ici, je pense à ma chère sœur, mais il ne faut tout de même pas tout révéler. « … on peut dire que je montre une facette de moi qui n’est pas du tout amicale. Ehm.. Je suis une fille qui aime prendre l’initiative… Je n’aime pas que les gens fassent quelque chose pour moi, je préfère entreprendre les choses de moi-même… Être la première à trouver les réponses, être la première à trouver les solutions. »… Mes yeux se baissent légèrement sur mes genoux… Je n’ai pas l’habitude de dicter mes caractéristiques… Et encore une chance que c’est quelque chose que je n’aurai pas l’habitude de faire, quelque chose qui se déroule qu'une fois dans ma vie… On dirait que je suis en entrevue pour un emploi… Et cet emploi s’annonce très, très fastidieux. Soit, je lève les yeux vers le directeur et je continue avec : « La fougue et le courage m’ont emmené loin… », encore une fois, je pense à ma sœur et à ma mère pendant une fraction de seconde… « Alors mes ennemis ne me verront jamais baisser les bras... Peu importe la situation. »… Et je me tait. Bah ? Il n’a pas besoin d’en savoir plus ! Un dessin avec ça ?! En plus, je ne vois pas pourquoi je réponds à ces questions… Ça devient de plus en plus ridicule. Croisant les bras, je le regarde, silencieuse… Analysant chacun de ses traits, chacun de ses mouvements… Hochant calmement la tête, son fameux sourire énigmatique aux lèvres, le directeur se met à griffonner quelques mots sur une feuille, et relève ses yeux vers moi…

« Étiez-vous heureuse avant de venir ici, à Aspera ? »

Surprise, je ne sais pas trop quoi répondre sur le coup. Heureuse avant de venir à Aspera ? Mon regard se pose sur la fenêtre du bureau du directeur… Veut, veut pas.. Je n’ai pas le choix de songer dans les méandres de mes souvenirs que j’aurais préféré gardé dans un tiroir de ma mémoire… Et barrer ce tiroir à clé. Veut, veut pas, je n’ai pas je choix de retracer son visage, à elle… Une fois de plus, ma lèvre inférieure devient prisonnière de mes perles blanches alors que je revoit le visage de ma génitrice se tracer devant mes yeux, et je me voix traînée de force dans un monde que j’aurais tout donner pour effacer. Un monde que je ne ferais pas vivre à mon pire ennemi, parce que mon pire ennemi l’a vécut avec moi. Un jour de novembre, à travers les cris de douleur, la rougeur et la sueur qui perlait sur son front, celle que nous appelons affectivement « mère » donna naissance à deux enfants… Moi… Et l’autre. L’autre, étant ma sœur… L’autre, étant mon cauchemar. L’autre, étant celle que j’aurais voulu éliminer il y a de cela des années. Alors que beaucoup de filles souhaitent avoir une jumelle, j’ai eu la malchance de naître avec une fille identique à moi… Que nous étions identiques à notre parente, et bien que cela soit bien pour certaines femmes, cela s’est avéré contre nous plus les années ont passées. Enfants, nous avions les mêmes traits que notre chère mère. Les mêmes cheveux d’or, bouclées à la perfection. Les mêmes perles bleues, qui rappellent l’océan. Les mêmes joues roses, qui nous font penser aux jolies poupées de porcelaine. Et c’est ainsi que les gens nous surnommaient, nous associaient… Aux poupées de porcelaine. Mais plus les années ont avancés, plus la chère parente s’est bourrée de caprice… Et de ce monstre vert, ce monstre ravageur… Ce monstre destructeur que nous appelons tous communément « Jalousie ». Jalouse que nous soyons plus belles qu’elle, elle a la fâcheuse envie de nous mettre l’une contre l’autre…. Et tout ça… TOUT ça… Parce que, selon-moi, ma mère est une femme en manque d'amour et en manque d'attention. Après tout, quand c'est rendu que tu deviens jalouse de tes filles puisqu'elles sont plus jolies que toi, il y a un problème à quelque part.. Une certaine insécurité qu'elle voulait probablement combler en nous rendant les deux plus laides qu'elle... Et nous étions naïves. Tellement naïves, que nous sommes tomber en plein dans le piège. Un enfant ne devrait pas se battre avec son jumeau pour l’amour de son parent. Un enfant ne devrait pas se voir brusquement séparé de son jumeau pour l’attention de son parent. Un enfant ne devrait pas se mettre contre son jumeau pour être aimé par son parent… Pour être aimé par sa mère. Et pourtant.. Pourtant, Scarlet et moi sommes mises l’une contre l’autre, nous battant sans arrêt pour devenir la favorite. Se battant l’une contre l’autre pour avoir son attention. Se battant l’une contre l’autre pour ce jeu qui perdura pendant plusieurs années.. Jusqu’à ce que la mère Elson fasse un choix, et que ce soit soit Scarlet. On avait toutes les deux treize ans lorsque notre mère a fait son choix. Et pensez-vous que j’allais baisser les bras ?! Non. Et c’est là que la mère a changer d’avis… Et que je fut la préférée… Que l’attention soit rivée sur moi. Et ce jeu, tel un cercle vicieux, ne cessa pas, du moins, jusqu'à ce que nous soyons envoyées ici. Par chance ? Ou malchance ?! Tout ce que je sais, c'est que je dois encore endurer cette peste, qui se trouve à être ma sœur, pendant encore des années... Alors repensons un peu à la question… Est-ce que j’étais heureuse avant de venir à Aspera ? Bien sure que oui, voyons. J'ai vécu le parfait bonheur avec une mère beaucoup jalouse, un père inexistant, et une sœur avec laquelle j'étais constamment en compétition pour obtenir le titre de favorite. Joie. Je sens le regard du directeur sur moi, je sens qu'il attend une réponse... Mais on dirait que je ne trouve pas les meilleurs mots pour expliquer, tout en gardant le tout un grand secret - même si ma rivalité avec ma sœur soit une affaire publique.

« Le bonheur est un mot beaucoup trop vague qui n’est pas fait pour tout le monde, monsieur le Directeur. C'est à se demander si ces quelques personnes chanceuses ont été pigées.. Comme des billes dans un sac… Et ces personnes, que le bonheur a pigé, ne connaîtront jamais la signification du mot « Souffrance » », ai-je commencé ma réponse en plaquant mon regard sur lui, ne clignant pas des yeux. « Si j’ai été heureuse avant mon arrivée à Aspera, c'est quelque chose de très personnel, sans oublier que le bonheur est relatif à tous. Dans mon cas, je ne peux pas dire que j’ai manqué de quelque chose lors de ma jeunesse, alors on peut dire que oui… » Je n’allais tout de même pas lui faire part de mes querelles avec ma sœur, de ma mère beaucoup trop jalouse et capricieuse, et de mon père absent, quand même ! Le tout commence à prendre une tournure au style d'une session avec un psychologue.

Encore une fois, je le vois baisser les yeux sur cette feuille où il écrit de nouveaux quelques mots tout en hochant la tête calmement… Même qu’on peut dire distraitement. C’est à se demander s’il m’écoute vraiment répondre à ces questions idiotes… Je devrais peut-être répondre par une idiotie la prochaine fois qu’il me pose une question… Voir s’il m’écoute vraiment. Une fois son crayon déposé sur son bureau, et ses yeux levés vers moi de nouveau, il continue :

« Et maintenant ? Je veux dire, à Aspera, comment vous sentez-vous ? Vous est-il arrivé de mauvaises choses, ici, ou au contraire, des choses exceptionnelles ? »

A-t-il prit le rôle d’un psychologue, tout d’un coup ?!... J’inspire profondément et je pose mon regard, une fois de plus, sur la fenêtre… Et là, j’expire en fermant les yeux. Reste calme, Lily, reste calme… Ce n’est que pour quelques minutes encore, ce charabia. Portant une main sur ma tempe, afin d’apaiser – peut-être – la migraine qui commence à se montrer le bout du nez, je me dis qu’il est mieux de répondre à ses questions bidons, comme ça je ne l’aurai pas sur le dos pendant les années à venir. Bon… Voyons voir. J’ouvre les yeux et mon regard se perd sur les feuilles vertes des arbres parallèles à moi. Est-ce que j’ai passé des mauvais moments ici ?! Bon, ma sœur est présente dans cet établissement.. Alors c’est certain que la vie n’est pas rose avec elle dans les parages. C’est querelle par dessus querelle, insulte par dessus insulte avec elle. Je ne sais pas comment je fais pour endurer sa maudite voix à toutes les fois qu’on se croise dans le couloir, comment je fais pour endurer son sourire niais, pour endurer son regard noir se poser sur moi. Pathétique ! Voilà ce qu’elle est. Et cette guerre qu’on s’est publiquement lancée ne s’arrêtera que lorsque l’une d’entre nous aie gagnée. Et je ne baisse jamais, jamais, les bras lors d’un combat. Et puis… Il y a Pavel. Notre relation plutôt ambiguë me porte à dire que je ne sais pas où nous en sommes. Est-ce que je l’aime ?! Peut-être. Tout ce que je sais c’est que j’ai envie de sentir ses bras autour de moi, ses lèvres collées contre les miennes… Pour ensuite sentir la satisfaction de le repousser. Un jour on se dit qu’on s’aime, le lendemain on se crie à tue-tête qu’on se déteste. D’ailleurs… Ça me fait penser à quelque chose…

FLASHBACK STARTS

« J’veux plus JAMAIS te voir, espèce de… de…. De chat en chaleur ! », ai-je crié de toutes mes forces avant de claquer la porte de ma chambre, me séparant d’un des garçons qui a su captiver mon attention plus que les autres. Lui… Dont son odeur m’est entièrement enivrante. Dont son regard me transperce le cœur et lit en moi comme un livre ouvert… Lui, celui qui a su m’emporter ailleurs lorsque ses lèvres frôlent les miennes… J’ai aucune idée de comment je me sens face à lui, de si je l’aime d’un amour irrévocable, ou si c’est simplement un désir refoulé que je ne cesse de cacher dans les méandres de mon être. Mais tout ce que je sais, c’est qu’avec lui, je veux passer le plus de mon temps. Collant mon dos contre ma porte fermée, mes yeux se ferment et un sourire amusé se dessine à mes fines lèvres. Il doit sans doute être de l’autre côté encore, s’il est assez imbécile. Sinon, s’il a la moindre intelligence qui pétille en lui, il doit avoir tourné les talons et s’être dirigé ailleurs. Parfois, notre instinc animal prend le dessus de nous, surtout lorsqu’on cache un bête féroce comme un léopard… Et c’est ce qui m’est arrivé ce soir-là… Comme pratiquement tous les soirs, d’ailleurs… Toujours dos à la porte, j’ai glissé ma main sur la poignée et je l’ai ouverte, pour finalement sauter sur ce garçon qui fait battre mon cœur à une vitesse plus haute que la normale.

FLASHBACK ENDS

Je pose enfin mon regard sur le directeur, et mon sourire poli refait la surface de mes traits… Enfin, l’ombre d’un sourire, plutôt. Je ne peux pas oublier à quel point ses questions sont idiotes.

« On vis tous des moments de bonheur et de mauvais moments. Mais disons que je me plait bien ici, et qu’il n’y a rien que je peux qualifier de « mauvais » qui m’est arrivé. »

« Et sinon, vous avez un petit ami? Ou une petit ami, je ne sais pas, moi. »

Me demande-t-il avec un sourire taquin. C’est quoi cette question ? … Fronçant légèrement les sourcils, j’hoche négativement la tête tout en prenant une grande respiration qui démontre ma légère irritation à ces questions qui deviennent tous plus inappropriées les unes que les autres. Mes fréquentations ne regarde personne d’autre que moi, et mon orientation sexuelle encore plus ! Fronçant légèrement les sourcils d’incompréhension, je pousse un autre soupire… Un soupire d’exaspération. Une fois de plus, ma main vient porter une mèche rebelle – la même que tout à l’heure – derrière mon oreille et je baisse les yeux vers mes genoux. Est-ce qu’ont peut dire que Pavel et moi nous sommes réellement en couple ?! Ou est-ce que c’est une recherche de désir, de combler un vide ? Me mordillant la lèvre inférieure, je lève les yeux vers le directeur et je lui sourit légèrement.

« Euhm… On peut dire que j’ai un petit ami… Mais c’est trop compliqué et ambiguë pour se limiter à ça. Je crois que ça répond à votre question. »

Mes dernières paroles signifiaient clairement que le sujet est clos. Je ne tiens pas à parler de ça avec mon directeur ! Ce n’est nullement de ses affaires. Quant à lui, son sourire s’agrandit à ma réponse, et il reprend plus calmement, en me fixant droit dans les yeux :

« Diriez-vous que vous êtes folle ? »

Bon, décidément ses questions ne deviendront jamais intéressantes... Alors autant jouer le jeu. Légèrement, j'incline la tête sur le côté et je plonge mon regard dans celui du directeur. Suis-je folle ?! Ciel, non !

« Qu'en pensez-vous ? »

Lui ai-je demandé avec un sourire amusé, analysant ses traits. Très bien, il ne désire pas étoffer le sujet... Tant mieux.

« Pensez-vous avoir plusieurs personnalités ? »

« Euh… », ai-je commencé. Je n’ai jamais réellement songer au sujet. Entre mon instinct animal, et ma vie d’humaine, je ne sais pas trop si j’ai une certaine double personnalité. Un autre moi qui prend le dessus. Mes yeux se baissent une fraction de seconde et mon regard se plante dans celui du directeur. D’un ton assuré, je prononce « Non. Je ne trouve pas du tout que j’ai une double personnalité. Remarquez, on peut très facilement penser le contraire !... Mais que je sois sous ma forme animale, ou que je sois sous ma forme humaine, je suis la même Lily. J’ai les mêmes priorités, le même caractère, les mêmes ambitions… »

« Vous préférez la Magie Noire ou la Magie Blanche ? »

« Je n'ai pas de préférences. Remarquez, je suis parfaitement apte et qualifiée pour les deux sortes de magies. Mais entre vous et moi, la magie noire a tendance à prendre parfois le dessus de moi. »

Lui ai-je répondu suivit d'un clin d'oeil. Est-ce une mise-en-garde ?!... Qui sait.

« De quoi avez-vous peur ? »

La peur… Un sentiment de faiblesse. Mais ne sommes-nous pas tous munis d’une faiblesse incontrôlables quelques fois ? Seulement, ce sujet me met légèrement mal à l’aise. De quoi est-ce que j’ai peur ?!...

« De la solitude… »

Ai-je prononcé, le regard fuyant celui du directeur… Je n’ai nullement envie de me sentir faible face à son regard, nullement envie de me sentir petite. Me redressant sur mon siège, le regard toujours ailleurs, je murmure :

« De perdre tout le monde qui compte à mes yeux, et de me retrouver seule. », et c’est alors que mon regard se pose enfin sur lui. « Vous êtes d’accord que personne n’aime finir tout seul, n’est-ce pas ? Même pas vous, monsieur le directeur. »

« Dragibus ou Fraises Tagada ? »

« Quelle importance ?! »

Ai-je répliqué dans un excès d'irritation.

« Bien, je vous remercie jeune fille. Vous pouvez retourner en cours, bonne journée. »

« Merci, au revoir. »

Et puis, je partis sous un pas hâtif de ce bureau qui commençait sérieusement à me donner la nausée.